Tout ce que l’on ne vous dit pas…

Sur la reproduction.

 

Avant toute chose, il faut savoir que toute personne qui décidera de faire reproduire sa femelle aura pour obligation d’être titulaire d’un siret. Vous aurez les mêmes responsabilités juridiques que n’importe quel professionnel dès lors que vous vendrez les futurs chiots.

Il n’existe pas d’éleveurs amateurs, le travail d’élevage doit être fait consciencieusement et professionnellement. L’amateurisme et l’approximation n’ont pas leur place quand on travaille avec du vivant.

 

On veut vous parler d’émotion.

Vous avez l’envie de faire reproduire votre chienne, vous voulez vivre cette aventure et la faire vivre à votre femelle. Mais, avez-vous évalué tous les risques ? Avez-vous évalué tous les coûts émotionnels ? Avez-vous évalué tout le temps que cela va prendre ?

Vous aurez compris qu’il n’est pas question d’évaluation financière.

On veut vous parler du coût émotionnel, celui qui vient vous mettre le moral en berne, celui qui vous assomme quand tout ne se passe pas comme l’on rêvait. On veut vous parler de la fatigue, du temps et de l’énergie que va demander d’élever comme il se doit une portée de chiots. Et l’on veut également soulever les risques encourus, quand on décide de se lancer dans cette aventure qui est de faire naitre.

La sensibilité.

Elle est nécessaire pour faire un bon travail d’élevage, mais c’est aussi à cause d’elle que vous risquez d’être marqué, si les choses ne se passent pas comme vous l’aviez rêvé. Outre les connaissances sur la reproduction et bien sûr les besoins sur le développement des chiots et de la mère qu’il vous faudra savoir. Avoir une part de sensibilité et d’empathie sont primordiales pour se prétendre éleveur. 

 

Sans celles-ci, vous ne serez qu’un marchand, si vous n’éprouvez pas le moindre ressentiment pour votre femelle et les futurs chiots, si votre seule motivation est l’argent, vous ne pourrez pas prétendre être un bon éleveur.

 

   

 

 

La reproduction et ses risques par étape.

Les démarches pour vous mettre en règle seront faites. Vous aurez un support internet, afin de présenter votre travail d’élevage, ce qui sera indispensable pour vous faire connaitre et réussir à bien placer vos chiots. Votre femelle sera enfin en chaleur, le futur étalon sera choisi en fonction de son caractère et de ses tests de santé, ils seront compatibles avec ceux de sa fiancée. Si vous avez une activité professionnelle, vous aurez posé vos RTT, afin de pouvoir amener votre femelle rencontrer le mâle. Vous aurez posé vos congés qui coïncideront avec la naissance des futurs chiots, tout le restant de la famille sera en accord avec vous pour faire naitre des chiots. Enfin bref, tout sera bien calé et programmé, la grande aventure pourra enfin commencer, peut-être…

La Saillie.

Il y’a ce que l’on croit et la réalité. Il ne suffit pas d’amener une chienne en chaleur rencontrer un mâle, à une date à peu près définie à la loupe suivant ce qu’on aura lu sur le net. De les laisser 10 minutes ensemble et se dire, c’est bon, ça va marcher.

Non, non ! ça ne marche pas aussi bien que cela dans la réalité… 

Il est conseillé de faire un suivi de progestérone. C’est-à-dire d’emmener plusieurs fois la femelle chez le vétérinaire, à partir de 5 jours du début de chaleur environ, pour définir le jour J de la saillie ! Et c’est uniquement en suivant ce taux, que vous serez certain de présenter la femelle au mâle au bon moment.

Parce qu’avant l’heure ce n’est pas l’heure, après l’heure ce n’est plus l’heure.

Une fois le jour défini, vous amènerez la femelle rencontrer le mâle, mais là aussi tout ne se passera pas forcément comme vous l’aviez imaginé !

Certaines femelles malgré un taux qui indique que c’est le bon jour, refusent systématiquement le mâle, elles peuvent se montrer agressives, les risques de morsures ne sont pas à prendre à la légère. D’autres se laisseront faire, mais au moment de la saillie vont couiner, ce qui fera redescendre le mâle et va alors commencer le jeu du chat et de la souris, qui parfois n’aboutit jamais, si ce n’est à une grande fatigue des deux protagonistes.

Il sera nécessaire, dans ces cas-là, de prévoir un vétérinaire capable de faire une insémination, autrement vous risquez de rentrer bredouille avec votre chienne et il faudra attendre 6 mois de plus pour retenter l’expérience et donc de reprogrammer les RTT, jours de congés et plan sur la comète…

Comme dit le vieux dicton. Ce qu’éleveur planifie, chien anéantit.

Pendant la saillie, si elle a lieu, il faut aussi être présent de façon à ce qu’il n’arrive aucun accident. Certaines femelles peuvent tenter de se dégager du mâle et les risques de blessures sont grands, il sera nécessaire de maintenir les deux chiens aussi longtemps que cela l’exige.

Les saillies ne sont pas sans dangers, morsures, déchirures au moment du nouage, fracture de l’os pénien, sont autant de risques à mesurer et à déjouer quand on décide de faire reproduire son animal. Il faudra prendre également en compte les risques infectieux. L’herpèsvirose, les mycoplasmes, chlamydia, et la liste est encore longue… comme chez l’humain, les maladies sexuellement transmissibles existent, au mieux vous n’aurez simplement pas de chiots, au pire votre femelle deviendra stérile et vous aurez un traitement médical à prévoir.

L’échographie.

 

Dans le meilleur des cas où il y’aura eu saillie. Il sera nécessaire d’effectuer à 28 jours de potentielle gestation un contrôle chez le vétérinaire, afin de vérifier si la saillie a fonctionné et de compter le nombre de fœtus à venir. Il est essentiel de connaitre approximativement le nombre de chiots attendus pour préparer au mieux la mise bas et commencer à prendre les réservations des futurs adoptants.  Il est possible qu’une saillie ait eu lieu, mais que votre chienne pour plusieurs raisons reste vide, cela arrive régulièrement, c’est aussi une option à envisager. Dans ce cas-là, la déception est grande. Tout ce temps, cette énergie dépensée, tous ces projets et ces plannings mis en place qu’il faudra recommencer. Sans parler des futurs adoptants, avec qui vous aurez passé du temps pour définir s’ils seront de bons maîtres et à qui il faudra annoncer la mauvaise nouvelle…

     

La gestation.

Votre femelle est bien gestante, il va maintenant falloir lui porter la plus grande attention et surtout la ménager, de façon à ne faire courir aucun risque à elle et aux futurs chiots. Vous n’allez pas la mettre dans du coton, mais la surveillance et la disponibilité du maître sont inévitables. Pas question de laisser seule pendant des journées entières la future maman, son état émotionnel peut changer et entrainer un changement de comportement et en cas de soucis de santé il faudra pouvoir réagir très vite. Si vous avez plusieurs chiens chez vous, là aussi il faudra surveiller que la grossesse de votre femelle, ne perturbe pas le bon équilibre établi, les risques de conflit et de bagarre entre congénères sont réels. Les habitudes sont changées, votre comportement, vis à vis de votre chienne ne sera plus le même, du fait que vous y apporterez plus d’attention et la moindre étincelle peut mettre le feu aux poudres.

 

La mise bas.

Le grand moment d’angoisse.

Si certains accouchements se passent très vite et très bien pour le maître, la mère, les chiots, il est fréquent que les mises bas soient très longues, jusqu’à trois heures entre les chiots à multiplier donc par leur nombre. Le temps qu’il vous faudra prévoir pour assister votre femelle et à prendre en considération, il ne sera pas question de partir travailler à ce moment-là, ou d’amener les enfants à l’école. Il vous faudra assister la chienne du début à la fin, quoi que vous ayiez prévu…

Pour le meilleur et pour le pire

Dans le meilleur des cas, tout s’est bien déroulé ! ça a été plus ou moins long, mais les petits et la maman vont bien, vous pouvez enfin souffler, mais pas longtemps, car il faudra veiller sur tout ce petit monde.

Dans les pires des cas, et là aussi ils sont plus fréquents qu’on ne le croit… Les mises bas se déroulent mal, voir dramatiquement mal… des chiots meurent à la naissance, un chiot bloque le passage et la chienne doit subir une césarienne en urgence. Un chiot bloqué et une femelle qui pousse à s’en déchirer l’utérus, provoquant une hémorragie interne, au mieux une opération en urgence sera effectuée.                                                                 

La portée entière meurt, car la mise bas s’est mal déroulée. Vous aurez votre femelle plus ou moins en bonne forme, mais vous serez amputé d’une partie des chiots, voire de la totalité. Le cas le plus insupportable, émotionnellement parlant, la maman décède. Dans le meilleur du pire des cas, car à ce stade on ne sait même plus comment évaluer le pire du pire, il restera juste les chiots. Et le pire du pire, vous ne verrez pas les chiots grandir ni la mère vieillir…

Quand de tels cas vous arrivent, et encore une fois ils existent, en plus d’avoir à supporter votre propre culpabilité, vous vous retrouverez émotionnellement dévasté. Vous aurez compris que derrière les beaux récits des éleveurs et les jolies photos émouvantes se nouent souvent des moments dramatiques, qui gravent un sentiment d’injustice mêlé de culpabilité assez difficile à décrire. Il semblait primordial de vous décrire le pire du pire.

Mais bon ! continuons notre aventure et passons à l’étape suivante, la meilleure du meilleur.

Élever votre portée de chiots

La mise bas s’est bien passé, les chiots sont nés.

Vous aurez prévu :

Une pièce ou coin isolé, sécurisant et sécurisé pour la mère et ses petits. Il sera primordial de le faire. Les risques d’accident quand une chienne vient d’avoir des bébés sont nombreux. La maternité peut changer du tout au tout le comportement d’une femelle, elle se voudra protectrice envers eux et sera capable de réagir sur n’importe qu’elle personne ou animal. Elle aura besoin d’un coin isolé pour se reposer. Le maitre mot durant les premières semaines est de laisser tranquille mère et petits

La caisse de mise bas. Avec les barres anti-écrasement, parfois les mères écrasent les chiots, il faut donc du matériel sécurisé. La lampe chauffante. Indispensable pour les chiots et les maintenir à la bonne température. Le pèse-bébé. Il faut peser tous les jours les chiots, pour le suivi de croissance. C’est ainsi que vous pourrez réagir s’il y’a le moindre problème avec un chiot. Un bébé qui ne prend pas de poids quotidiennement, est un petit qui a un souci de santé. Il faut donc réagir très vite. Les tapis à mettre dans la caisse de mise bas, il en faudra plusieurs, car ils doivent être lavés tous les jours. Le lait maternisé et les biberons. Afin d’aider la mère à nourrir les chiots en cas de grosse portée, il est conseillé de commencer de biberonner dès le deuxième jour, car ensuite les chiots risquent de refuser toutes tétines.

 

L’attention que l’on porte aux chiots durant les 15 premiers jours devra être quasiment constante, il sera nécessaire de prévoir du temps, la santé du chiot durant cette période est fragile. La surveillance permettra de réagir très vite. Perdre un chiot n’est pas une fatalité, c’est grâce à la surveillance qu’on limite les risques. Vous devrez également porter une grande attention à la mère. Une infection après mise bas, ou après césarienne, une mammite, des problèmes de comportements, ne seront pas à négliger.

La troisième semaine sera moins stressante, même s’il faut encore s’occuper quotidiennement des chiots et de la mère. Vous allez pouvoir vous détendre psychologiquement, mais, pas physiquement, la partie nettoyage va être plus intense. Les pipis et cacas sont plus nombreux et la mère ne les ramasse plus. C’est l’âge où les chiots vont commencer à manger la bouillie, jouer les cantinières à trois reprises dans votre quotidien sera votre nouvelle mission pour les semaines à venir.

4 semaines, suivant la météo, les chiots pourront commencer à aller dehors. Un environnement sécurisé et sécurisant, c’est-à-dire qu’un parc à chiot sera indispensable, l’endroit où ils pourront évoluer sans vigile attitré. Autrement il vous faudra surveiller constamment tout ce petit monde et autant vous dire que 8 à 12 chiots vadrouillant dans le jardin, les risques d’accidents seront grands, sans compter l’état du joli jardin qui se transformera peu à peu en parc d’attractions, pour taupes. La surveillance et la socialisation vont durer, minimum jusqu’à leurs 8 semaines, un travail passionnant, parsemé de moment de rire et de tendresse, mais aussi d’agacement et d’épuisement.

Si vous voulez faire un travail familial et habituer les chiots aux bruits quotidiens de la maison (aspirateur, télévision, lave-vaisselle…) Il vous sera indispensable d’organiser des journées portes ouvertes, afin que les petites furies puissent rentrer chez vous. Les maniaques du ménage, les petites manies vont devoir séjourner au placard, autrement vous allez devenir hystérique et surtout vous devrez revoir durant un temps l’organisation de la maison. Parce que, ce que vous n’aurez pas calculé en termes de danger ou de fragilité, les chiots eux, vous montreront les points faibles de votre environnement…

À ce stade il sera obligatoire que le restant de la famille ait été en accord avec le projet initial de faire naitre des chiots. Parce que là aussi ça peut être comique. Ou pas…

La vie quotidienne sera chamboulée de toute part. C’est comme si, vous rapportiez votre travail à la maison et demandiez à toute la famille d’y participer. La motivation de tous ne sera peut-être pas au rendez-vous. Les moments d’exaspération et de tension existeront, il ne faudra pas l’oublier, parce qu’élever une portée de chiots est fatigant, on peut parler de double journée de travail durant 8 semaines, alors autant être prévenu.

Mais on vous rassure, les chiots ne sont pas que de petites tornades groupées, ils passent quand même beaucoup de temps à dormir, mais pendant ces heures de répit, il vous faudra gérer en plus de votre vie de famille et peut-être professionnelle, la partie communication afin de leur trouver les meilleurs adoptants possibles.

Les futurs adoptants.

Élever des chiots est fait dans un but précis. Pouvoir les vendre. Eh oui ! si vous vous êtes donné toute cette peine, c’est pour pouvoir vendre vos chiots, enfin plus précisément être rémunéré de votre travail. Parce que vous n’allez pas les donner ? Le travail que vous aurez fourni, les dépenses engagées, les risques que vous aurez fait prendre à votre femelle, ce travail ne sera pas et ne devra pas être gratuit. Et pour vendre vos chiots à des personnes responsables qui sauront en prendre soin, la communication sera indispensable. Les maîtres sérieux comprennent bien qu’élever des chiots est un véritable métier et ils ne contestent jamais le fait de payer un chiot. Par contre ils veulent en savoir plus sur la façon dont les chiots sont élevés, ils désirent régulièrement des nouvelles et des photos du petit qui deviendra le leur. Pour pouvoir leur présenter votre travail, il vous faudra communiquer, au travers des réseaux sociaux ou alors d’un site internet. Le temps que vous demandera cette partie n’est pas à négliger et il sera primordial pour effectuer de bons placements.

Si vous pensez pouvoir vendre, juste en mettant des annonces sur un site bien connu, vous risquerez de ne pas vendre vos chiots comme vous le souhaiterez, ni aux personnes responsables que vous aurez imaginées. Il n’est pas rare de voir des éleveurs qui n’ont absolument pas communiqué sur leur travail, ou très mal se retrouver avec des chiots de 3/4/5/mois encore chez eux. Vous imaginez votre angoisse à ne pas réussir à placer ces chiots. Parce que dans ce genre de cas, ça ne devient plus drôle du tout, voir très problématique pour vous et le futur des chiots. Avoir plusieurs chiots de plus trois mois chez soi nécessitera encore du temps et de l’argent, jusqu’à ce qu’ils trouvent leur famille. Votre travail risque donc de durer plus de temps que prévu, pour une rémunération qui frôlera les zéros bénéfice, voir un sérieux déficit.

Il vous faudra recevoir les futurs adoptants pour les visites et ça plusieurs fois parfois, là aussi il faut prévoir du temps, il est important de créer une bonne relation avec eux. Vous ne vous êtes pas donné tout ce mal pour laisser vos petits aux premiers venus ! il sera essentiel de bien percevoir si les futurs adoptants seront réellement motivés, s’ils seront capables de s’occuper convenablement de ce chiot que vous avez élevé et aimé, et de percevoir si la race correspondra en tout point à leur mode de vie et leurs attentes et ce n’est qu’en passant du temps et en échangeant avec eux, que vous pourrez le savoir.

 

 

Et après!

Les demandes d’hurluberlus sont nombreuses. Confier par manque de discernement un chiot à la mauvaise personne, découvrir que le petit est mal traité, le récupérer quand cela est possible pour un replacement. Ces situations sont des choses qui arrivent également et font partie du côté noir de l’élevage. C’est encore votre sensibilité qui parlera dans ce genre de cas, parce que votre côté humain et votre empathie existent, ils vous feront vivre très difficilement ces moment-là. Bon nombre d’éleveurs consciencieux et soucieux du devenir des chiots pourront facilement parler encore une fois de sentiments de culpabilité. Un bon éleveur se sent responsable de tous les chiens qu’il a fait naitre et reste présent pour leur venir en aide, durant toute leur vie.

En conclusion

Faire naitre une portée de chiots doit être un acte réfléchi, et fait pour les bonnes raisons. Il faut être conscient de tout ce que cela implique et avant toute chose y consacrer énormément de temps, d’argent et de sentiments. Prenez le temps de vous poser les bonnes questions.

Pourquoi veux-je faire naitre ?

Ai-je suffisamment de temps à consacrer à tout cela?

Ai-je assez d’argent de côté pour assumer les frais et les dépenses à venir et imprévues ?

Suis-je capable de communiquer sur mon futur travail ?

Si les chiots ne sont pas vendus, puis-je les assumer financièrement et sereinement durant un temps ?

Émotionnellement, suis-je capable d’assumer et en cas de problème d’encaisser ?

Peut-être aurez-vous la chance que tout se passe très bien. Mais si on prend les risques de la saillie au bon placement des chiots, statiquement c’est rare. À ce jour, je ne connais aucun éleveur professionnel qui n’a pas connu l’une de ces problématiques citées plus haut, certains malgré une grande expérience ont vécu le pire du pire.

Gardez en tête que quand on fait naitre une portée,

si on finit par avoir ce qu’on a voulu, très souvent cela implique de subir  ce que l’on ne voulait pas.